Embrunman 2010 : la course en résumé

Merci aux bénévoles, merci à ma petite femme, merci à ma famille, merci, car sans eux je n’aurais pas pu connaitre les joies de cette course J’en aurai
des frissons toute ma vie en repensant à ces moments et au plaisir euphorique de ne pas connaitre la fatigue, juste un peu de faiblesse, mais rien ne pouvant oter sourire et le plaisir de
l’effort.

Ouf, me voilà avec un 2ème embrunman dans le cornet sans contre temps…Même si j’avais confiance dans ma forme pour terminer en
prenant beaucoup de plaisir, je n’étais pas l’abris de l’incident mécanique, d’un coup de froid ou autre mésaventure…

 

6 h : l’heure du départ dans le noir. 900 types s’élancent
sous les applaudissement d’un public bien plus nombreux. Je me place à l’extérieur pour éviter ma galère de 2009 avec la séance de tartes. Je nage à l’opposé de la corde en partant
tranquillement.. je me paye le ponton de pédalos, puis celui des pécheurs, ça bouchonne… cette année, tous le monde passe à l’extérieur, c’est quoi ce bazar ??? Après 250 m je me dégage
encore plus à gauche tellement j’ai la trouille de frotter et ne plus pouvoir nager dans cette cohue. Finalement, je fait de gros détour et je passe le 1er tour au large en 37’… ou la
la j’ai déjà 2’ de retard sur mon tableau de nage. J’aurais beau tenter de rattraper le tir sur le 2ème tour, je mettrais 40’ pour faire le 2ème tours. Je ne sais pas
comment je m’y suis pris, mais j’ai été nullisime sur cette natation…


NAT_2763mini.jpg
Je sors de l’eau et je me dit que le moins de 11 heure est hors de portée. Pas grave, après tout, je pourrais quand même
remonter dans le top 30 malgré cette 1ere épreuve raté. (671ème à la sortie de l’eau)

 

7h17 : j’amorce ma transition… tous se passe bien, je met
moins de temps que l’année dernière, mais je suis encore loin des pros avec un temps de 3’ pour me changer et quitter le parc contre moins de 2’ pour les meilleurs. Olé !!

 

7h20 : à l’attaque….le vélo commence par une température
assez froide (entre 10 et 13°) au début et 6 ° en haut de l’Izoard. J’ai un tableau de marche que j’ai calé sur 2009 qui doit m’amener à 6h23. Le 1er petit col démarre sur des
sensations mitigés, même si je dépasse des grappes de cyclistes. Les « watt » tournent autour de 300 340, juste en dessous de la zone critique qu’on appel couramment seuil. Je relance
sans problème dans les portions montagne russe, « j’enrhume du cycliste »… c’est vraiment le pied, j’ai l’impression d’être sur une autre planète. J’amorce la descente… idem, je suis
très détendu, en confiance, je relance comme en course en sortie de virage… je dépasse des cyclistes à la pelle en me faufilant dans des trous de souris… d’ailleurs certains ont eu peur et ont un
peu râler…., mais je n’ai touché aucun coureur ni perturber les trajectoires, mais le différentiel de vitesse est franchement énorme. La majorité des pratiquants en triathlon ont d’énormes
lacunes techniques en vélo (comme moi en natation). J’en vois qui descendent main en haut du guidon sur les cocottes, qui prennent des trajectoires à l’envers, freinent dans le virage alors qu’il
faut tourner à vitesse constante, crispés sur le vélo… Au 1er pointage, j’ai 30’’ d’avance alors que je me sentais plutôt sur la retenue. Bon, bin je vais embrayer… je vais rouler sur
les portions roulante et vallonée à 34 de moyenne pour un dénivelé positif de 1000 m en 48 km, soit 280 watt. Je rattrape quelques connaissances et je papotte quelques secondes au passage et je
continue ma remontée.. Le différentiel de vitesse est important et personne n’essaye de profiter de l’aspiration, je fait le nécessaire pour éviter ça d’ailleurs en passant un poils plus vite en
doublant pour dissuader les concurrents de prendre le sillage. J’optimise la position, je relance avec quelques bottes secrètes de cycliste, c’est d’ailleurs sur les relances en haut des cotes et
des virages que les écarts de vitesse sont les plus marquants.

Palon.JPGDans la vallée en faux plat montant qui nous mène au pied de l’Izoard, je
double même 2 triathètes au coude à coude, et l’un d’eux dit son collègue…  « lui on le reverra dans le Pallon », j’ai pas le temps de répondre…. Mais je sais que dans le Pallon
j’aurais déjà 20’ d’avance sur ces 2 là.

Dans l’Izoard, je double toujours, mais l’écart de vitesse est faible, je vais m

onter à environ 15 de moyenne, et le froid commence à se faire sentir. Dans le final, je tente d’accélérer le rythme, en fait je ne fait que
le maintenir en terme de puissance, mais je l’augmente en terme d’effort car l’effet d’altitude m’oblige à aller plus haut en intensité pour tenir la même puissance. Je n’aurais monté qu’a 270
watt et j’aurais repris beaucoup de monde. En fait cela fait 3h29 que je suis à 270 watt. Ma puissance moyenne n’a pas varié depuis le pied du 1er col jusqu’au sommet de
l’Izoard.

Je prend 2 bidons au passage, je plonge dans l’Izoard euphorique car j’ai 10’ d’avance sur mon tableau de route. Dans la descente, je double
encore 5 ou 6 concurrents que je laisserai sur place dans les virages que j’enfile comme des colliers de perles.. le pied…

Une fois à Briançon, il me reste environ 70 bornes, quelques bosses et du vent de face qui s’était déjà lever dans la descente de l’Izoard.
Les jambes n’ont toujours pas un pet de jeu, je parviens à me mettre à la planche dans chaque cote, à relancer… c’est vraiment euphorisant… les sensations de rêve. La fatigue ne semble pas
m’attendre, ni la fringale. Dans la cote du Pallon, (1.4 km à 12%) je passe à 311 watt à 12 km/h. J’enfile la descente technique peinard et sur les portions vent de face et faux plat montant je
rattrape Seb qui n’a pas un pet de force. J’ai cru que j’avais des hallucinations… en général je ne le rattrape pas, surtout avec 20’ dans les carreaux après la flotte. Je suis déjà remonté à la
24 ème place, puis je vais continuer sans faiblir et rattraper encore 2 concurrents avant la fin du parcours vélo et bouclé le parcours à la 22ème place et avec le 5ème
temps vélo en 6h09’50’’. Bref, un temps canon et la plus belle remonté de l’histoire de l’Embrunman….Un mec qui sort 671 ème de l’eau et qui termine le vélo en 22 ème place ça ne doit pas être
fréquent.


IMG_8259.jpg
D’une part j’avais
des sensations de tueurs, mais j’ai en plus exploité tout ce que je pouvais de technique cycliste en descente, dans les relances, dans la gestion de l’effort pour faire péter mon temps de l’année
dernière. Les conditions météo étaient meilleurs car il y avait moins de vent au début, mais malgré tout j’ai améliorer le performance globale avec 248 watt de moyenne contre 237 l’année
dernière.

Mon niveau de PMA n’était pas significativement supérieur, toutefois, ma capacité à faire le parcours en routine, comm

e si cela était une sortie banale était au summum. Le parcours vélo semble pour beaucoup quelque chose de monstrueux, mais j’avais réussit à
développer les ressources énergétiques pour que ce parcours deviennent l’équivalent d’une sortie de 90 km pour le triathlète moyen. A grand coup de sortie quasiment identique que j’ai enchaîner
depuis 3 mois en les rapprochant de plus en plus. Par exemple, le dimanche précédent, je faisait une sortie de 183 km en 5h52 à 248 watt de moyenne avec 3000 m de dénivelé. 
J’étais donc parfaitement prêt et je me suis régaler. Pendant plus de 6 heures j’ai évolué sur une autre planète par rapport à celle de tous ceux que j’ai rejoint. Sans bénéficier de l’effet de
groupe des premiers qui reste ensemble je suis parvenue à titiller les meilleurs cyclistes de cette journée. En 20 année de compétition j’ai rarement eu un tel coup de pédale et j’ai abordé le
marathon avec le sourire et 2 poteaux dans les jambes, car j’ai quand même défoncé mes guiboles… mais n’est ce pas le but de la performance que de pouvoir extraire le plus de force et
d’énergie….

 

13h29 : je saute du vélo et je galope (trotine) dans le parc pour poser mon vélo…. Je ne vois effectivement pas beaucoup de vélo dans ce parc….

 


CAP_6021.jpg
13h32 : Banzai…. C’est parti pour un Marathon avec 400 m de dénivelé positif
. Je part sur des base de 11 ou 12 km/h
en 22ème position. Les 1er kilomètres sont un peu galère, j’ai vraiment du mal à trouver mes marques, je courre mal, complètement écrasé, pas un pet de pêche dans les
cuisse. Au bout de 4 km… c’est la pause popo…. Et après ca va mieux, je parviens enfin à courir normalement et je vais même dépasser le 12 de moyenne pendant une dizaine de bornes et rattraper 2
coureurs. Je ne manque pas de saluer le public qui m’encourage, ce qui me vaut encore plus d’encouragement. C’est ça qui est vraiment magique sur cette course. Le public encourage tous le monde
avec passion. Les campeurs ont sortis les chaises et se posent sur les bord de la route, les gens s’installent aux terrasses des cafés, des groupes de jeunes font du tamtam, sortes la platine
pour nous encourager en musique… et à chaque fois que je remercie le public j’oublie un

peu plus mes jambes de bois. Je suis dans mes allures de 12 km/h et je passe le semi en 1h48 sans être trop défoncé. Je vais coincer plus loin
au 25ème km ou je sent mes muscles se raidir un peu plus, ma foulée s’écrase, je me penche en avant, je regarde mes pieds… bref tous ce qu’il ne faut pas faire… heureusement, mon
frangin, Mag et Manu sont là avec la petite cléo (8 mois) et me suivent en vélo pour m’encourager et papoter un peu. Je vais serrer les dents jusqu’au km 38, et après c’est bon ca ne fait que
descendre, c’est gagné…

17h11 :  L’arrivée : 19ème en 11h11’50 »

J’arrive enfin dans l’aire d’arrivée, yahoo, trop bon, je suis lucide, j’ai plus de jambes, mal au genoux, mais à part ça j’arrive encore à
apprécier les encouragements d’un public très nombreux dans la ligne droite d’arrivée…. Le pied, le rêve de tous sportif, terminer une course sous un tonnerre d’applaudissements et avec le
speaker qui vous enflamme la foule… allez hop, je jette ma casquette au public et j’en termine sur le tapis bleu le sourire jusqu’aux oreilles… en 11h11’50’ et à la 19ème place.

 

J’ai passé une journée merveilleuse, j’ai pris le temps d’apprécier l’ambiance magique de cette course, les encouragements sincères et
passionnés de tous les spectateurs et de ma famille venu participer à cette fête. J’ai en pris plein les yeux, cela fait 20 ans que je fait des compétitions, j’en ai fait plus de 500 et jamais je
n’avais connu une telle journée d’effort et une ambiance aussi folle. J’ai souvent eu des frissons, cela a commencé dans le parc à vélo  à 5h30 du matin quand le speaker à pris
la parole avec un fond de musique d’ambiance. Plus tard en vélo, dans le faux plat de Baratier, j’ai eu droit à la Hola, et dans l’Izoard le dernier km effectué sous les encouragements furieux du
public… plus loin dans le Pallon, c’en était de même…

LES CLASSEMENTS ICI

Les copains terminent tous sauf Prédator qui a serrer l’estomac… Greg Bapt termine, en 13h41 (316ème) Philippe Pichot Duclos termine en
13h49 (341ème) et enfin l’incroyable Ours des Combrailes Romain Daumas nous met la pilule en 11h04’59 à la 15ème place… quand il m’a doublé à 12 km de l’arrivée j’étais scié… non, c’est pas
possible… il a accélérer en me doublant en plus le coquin….Ca donne… moi à 12 km/h….et Romain…. à 14 km/h…. le temps que je réalise que le mec en short et en teeshirt de promeneur
c’était Romain qu’il avait déjà pris 20 m…. Eh Romain… tu voltige aujourd’hui ?… Ouais ca va…. c’est pour me venger de la descente de l’Izoard ou tu m’as  clouer dans les
virages…

8 replies on “Embrunman 2010 : la course en résumé”

  1. salut ! tu me sembles tellement fort, surtout à vélo, que tu devrais t’essayer sur le plus dure ironman, c’est à dire l’altriman dans les pyrénées, en comparaison embrun n’est rien ! bonne
    continuation !

  2. didier grosso on

    Bravo à toi;Moi, je suis plus loin, beaucoup plus loin, mais il faut de toot.Comment à tu fais pour sortir les photos du site tintin-photo, elles sont protégées.L’ année dernière j’ y étais arrivé,
    mais pas cette année
    @+

  3. Baudouin thomas on

    Moi je dit respect , j’espere au moins le faire en 12h00 l’an prochain et avec toi comme coach je sais ou je vais !!

  4. salut quentin,
    toujours aussi intéressant de te lire et chapeau pour ta perf.
    j’étais à embrun en touriste avec force encouragements à baratier et sur la digue du marathon quand je t’ai reconnu.
    Et ça fait envie.
    @+
    dom

  5. Pierre Ru. on

    Merci pour ce récit, et bravo, c’est assez incroyable de voir à quel point tu as « masterisé » sur le vélo, en remontant environ 650 Triathlétes…Quel dommage pour la nat., car si tu avais pu rouler
    devant avec Zamora et autre tête de course….mais taper un top 20 à Embrun, c’est vraiment énorme et, je le comprends fort bien, trés euphorisant.
    Trés impressionnant, vraiment…et cela prouve aussi 2 choses à mes yeux:
    – à quel point le vélo est important sur du « long » !
    – Que tes sorties longues justement en vélo t’ont permis d’être vraiment prêt pour cette épreuve/
    Bonne récup . !
    Pierre.

  6. Chapeau quetin… je crois t’avoir vu me doubler en vélo…; pour moi ca c’est pas totu à fait passer comme je le voulais… après une bonne nat de 1h05… un mal de bide est venu me jouer des
    tours en vélo… et je me suis donc suremetn pas assez alimenté bref le marathon a été très très dur… bref j’espérais les 13h00 voir un peu moins… mais je boucle en 14h00…. je pense qu’il me
    manquais certains entraineme,nt spécifique en vélo… mes sorties était trop basés sur du fond pur au final…. mon cr arrive sous peu….