KM 280

Nous sommes en juin 2007 il est 17h 30 de l’apm et je roule depuis 11 heures déjà. Je suis parti du Cap d’Agde en vélo pour rentrer à Issoire. Ma femme voulant rester quelques jours de plus je suis
obligé de rentrer soit en train soit en vélo pour être présent le mercredi avec les jeunes du club pour leur entrainement hebdomadaire. Et je peux vous dire que pour rien au monde ces petits
coureurs ne rateraient leur balade en vélo.

Je suis donc au km 280 dans la montée du col de la Fageole au dessus de St Flour… et je fais des Zig et des Zag sur cette p…. de route qui n’en finit pas de monter à coté de l’autoroute… le
compteur oscille entre 10 et 12 km/h et j’ai toujours ces grandes éoliennes qui me contemplent et me rapelle que le vent souffle en ma défaveur. Et à ce moment c’est le raz le bol, et comme je suis
seul à rouler j’en profite pour gueuler tout ce qui me passe par la tête, ca soulage. C’est marrant quand j’y repense, mais j’étais là debout sur les pédales à gueuler comme un abruti pour me
donner du courage et oublier cet état de fatigue et de raz le bol. Je braillais des trucs du genre : ALLEZ APPUIE ESPECES DE BON A RIEN ALLER, ALLER….AAAAAAAAH P….. DE DIEU…. enfin que des
trucs débiles. J’imagine que si je faisais ca tous les jours sans voir personne je deviendrais un espèce de sauvage décervelé… Ou alors cela me permettrais peut être d’atteindre l’état de
sérénite ultime….
Le soir lorsque vers 21 heures j’ai pu m’affaler sur le canapé j’ai enfin pu méditer et retrouver une lueur d’intelligence, et effectivement je me sentais bien, j’étais seul allongé sur ce canapé à
savourer ce bonheur cette satisfaction qui ne se partage pas, j’ai passé 15 min allongé à ne plus bouger et à savourer ce moment de vie inoubiable qui m’a apporter peut être plus d’émotion que
toutes les courses que j’ai pu gagner. J’étais probablement le seul sur terre à cet instant à connaitre cette sensation peu banale d’une journée un peu folle.
J’avais quand même fait 368 km en 14h20 avec 4000 m de dénivelé et 6 kilo de bagage et un vent de face modéré, mais suffisant pour me plomber ma moyenne et ma perception de l’effort. Mon organisme
avait brulé quelques 11300 kcal et perdu probablement 7 ou 8 litre d’eau que j’avais du compenser constament.

Ce dernier km du col ma parru interminable…j’ai 280 pitons dans les cannes avec plus de 4000 m de dénivelée, un vélo de 14 kilos car j’ai opté pour un porte bagages et de quoi me changer et me
ravitailler.
Cette longue épopée de 368 km est probablement une des performances dont je suis le plus heureux. et pourtant que c’était dure de rouler seul contre ce vent de face et ces interminables cotes. Mais
que les routes étaient belles et sauvages parfois, que d’émotions mon traversés pour me transformer un peu mais définitivement.

Finalement je me demande si ces km ne sont pas les meilleurs de ma vie. Alors si un jour une idée saugrenue germe en vous pour faire ce genre de raid solitaire en vélo, en courrant, en
marchand…  aller y laisser libre cours à cette envie.

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